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Un mot sur les dérives de la chirurgie esthétique

Auteur : Dr David Picovski, chirurgien esthétique reconnu par l'Ordre des Médecins.

Si l’intervention de chirurgie esthétique est un acte médical, elle n’entre cependant pas dans le cadre des soins de santé conventionnels. La chirurgie esthétique se distingue de la chirurgie réparatrice dont elle est issue, et a pour vocation d’embellir ou de rajeunir les patients.

Cette spécialité ne doit jamais être considérée comme un banal produit de consommation et doit toujours être réalisée par des praticiens habilités et reconnus par l’ordre des médecins. Afin d’éviter certaines dérives, la chirurgie esthétique est devenue une des discipline les plus encadrées en France.

La banalisation des actes de chirurgie esthétique

La chirurgie esthétique n’est pas un simple produit. Elle apporte des résultats durables ou définitifs. La prolifération des critères esthétiques imposés par les normes, le désir d’être identifié à un groupe, sont des éléments confortants l’importance d’un délai de réflexion suffisamment long et la nécessité d’une information honnête et complète du chirurgien sur les conséquences et risques d’une intervention spécifique.

En Corée, ou l’on assiste à une banalisation de la chirurgie esthétique, on appelle la chirurgie des yeux et du nez “les basiques”. Aux Etats-Unis, chaque clinique détermine ses propres règles, telle une entreprise. Le secteur esthétique aux Etats-Unis est privée, et l’encadrement de la chirurgie esthétique n’est pas stricte, ce qui peut, dans certains cas, occasionner des dérives.

Déceler et refuser les interventions inadaptées ou irréalistes

Une intervention de chirurgie esthétique comporte des conséquences physiques ou mentales. Le chirurgien est responsable de ses actes et doit s’abstenir de pratiquer une opération inadéquate:

  • L’état de santé ne doit pas contre-indiquer une intervention chirurgicale.
  • En cas de contexte psychologique délicat: La souffrance initiale a de grandes chances de se maintenir après une intervention, même réussie, puisque la véritable cause n’a pas été traitée.
  • Une intervention esthétique chez un mineur sans autorisation parentale.
  • Patient(e)s souffrant d’addictions à la chirurgie esthétique: interventions multipliées, occultation des risques…
  • Demandes démesurées, rêves irréalistes (avoir tel nez de tel acteur, telle bouche de telle star…)
  • Dysmorphophobie c’est à dire avoir le trouble de la perception de l’image de son propre corps.
  • Demandes hésitantes, insuffisamment réfléchies.
  • Quête identitaire dont la chirurgie n’est pas une solution: fragilité accrue, recherche d’estime personnelle (Cas de très jeunes patients dont la maturité n’est pas encore stabilisée…)
  • Demande de plusieurs interventions dans une intervalle courte.

Un mot sur le tourisme esthétique “low cost”

Se faire opérer en Tunisie, en Thaïlande ou au Maroc est deux fois moins cher qu’en France, mais qu’en est-il des recours possibles en cas de mauvais résultat ? Quel suivi post-opératoire ?

Le chirurgien est souvent imposé au patient, la personne que l’on a au téléphone n’est pas forcément celle qui opérera. Parfois les cliniques touristiques offrent un “packaging” avec un prix “discount” offert sur une augmentation mammaire cumulée à une opération des paupières, mais deux interventions dans un même temps opératoire multiplient les risques. La chirurgie esthétique concerne le corps humain, et ne peut relever de la sphère marchande. Ces opérations à l’étranger ne sont rentables que si tout se déroule bien. En cas de complications, l’assurance française ne prend pas en charge les frais et un dédommagement auprès de ces pays est difficile à obtenir.

La santé des patients comme objectif premier

Même s’il peut exister des dérives à divers niveaux mais aussi pour plusieurs raisons, notamment mercantiles, la loi du 4 mars 2004 a été une révolution en imposant au praticien des obligations en termes de qualifications et d’informations et de moyens:

  • Le praticien doit être reconnu par l’ordre des médecins et être porteur du titre de chirurgien spécialiste en chirurgie plastique, reconstructrice et esthétique.
  • Les actes esthétiques doivent être précisément définis, l’ensemble des actes réalisés doivent être énoncés sur un devis détaillé et un délai de réflexion est obligatoire.
  • Un cadre d’intervention agrée, selon la législation.
  • Une équipe médicale agréée (Médecin anesthésiste, infirmières, aides-soignants…).

La chirurgie esthétique et réparatrice fait partie des grands progrès de la médecine depuis la première guerre mondiale. Il ne s’agit en aucun cas de la remettre en cause! Elle a pu réparer des visages et des vies, sauver des brûlés, des accidentés, corriger des malformations congénitales, améliorer considérablement la vie de personnes complexées.

La chirurgie esthétique contribue à l’acceptation de soi en corrigeant un défaut, un complexe empêchant une communication avec l’entourage. Avec des indications bien fondées, et un encadrement rigoureux, elle permet de faire retrouver au patient un confort physique et psychologique indéniable.

Voir aussi : comment parler de son projet de chirurgie esthétique ?

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